LA PREVENTION DES
MALADIES ALLERGIQUES
Dr J. LE SELLIN
C'est la première
fois, je pense que nous abordons la notion de prévention
dans le cadre du séminaire de formation d'allergologie
pour médecins généralistes.
Je peux vous préciser dès maintenant
que ce thème est d'actualité et on
peut prévoir que des réunions complètes
y seront consacrées dans le futur. Pour aujourd'hui,
je vais donc vous présenter les points forts
qui se cachent derrière le terme de prévention.
1/ Définitions
Nous avons en
premier lieu la prévention primaire qui
agit avant l'apparition des sensibilisations. A
titre d'exemple, je peux vous donner une mesure
prise par le Département de la Santé
du Royaume Uni, le 17 juin 1998. Cette prévention
primaire est destinée à prévenir
les allergies à l'arachide. Toutes les femmes
dès le début de leur grossesse reçoivent
une brochure leur précisant qu'une éviction
alimentaire de l'arachide est souhaitable si il
existe une atopie familiale. Le texte conclut par
l'adage suivante :
"une once de prévention
est préférable à une livre
de traitement curatif
En ce qui concerne
les manifestations d'allergies respiratoires, une
expérience suédoise a pu confirmer
la possibilité d'arriver à des taux
pratiquement nuls d'allergènes dans les crèches.
Deux études ont pu montrer que les pneumallergènes
étaient en fait apportés par les vêtements.
Même si ne nous connaissons pas le résultat
sur le plan de la prévalence des manifestations
respiratoires allergiques, il est important de noter
que l'éviction des pneumallergènes
est réalisable.
La prévention
secondaire est, elle entreprise chez un patient
qui est déjà sensibilisé, cette
situation est très fréquente. Par
exemple, les patients se plaignant de manifestations
purement saisonnières ont souvent un test
cutané positif pour les acariens. Chez ces
patients les acariens ne sont pas encore déclenchants.
On peut penser cependant qu'ils jouent un rôle
dans l'hyperactivité des muqueuses. Faire
une prévention est destinée à
éviter que les manifestations ne deviennent
per annuelles dans les années suivantes.
La prévention
tertiaire s'adresse aux patients qui sont à
la fois sensibilisés et symptomatiques. C'est
la cas le plus fréquent. On sait que les
mesures thérapeutiques sont suffisantes pour
contrôler les symptômes mais on sait
aussi leur insuffisance à long terme. Il
faudra toujours dans ce cas s'attacher à
faire ressortir l'effet bénéfique
des mesures préventives si l'on veut que
le patient les poursuivent à long terme.
2/ Les données épidémiologiques
:
Ces sont les
études épidémiologiques rigoureuses
qui sont les bases de la prévention.
En effet, les
paramètres à étudier sont nombreux
et variables d'une région ou d'un pays à
l'autre. On peut citer le nombre d'enfants dans
une famille, le type d'alimentation, la pollution
intérieure avec ou non tabagisme passif,
l'équipement de la maison avec cheminée
- cuisinière à gaz - moquette ...
; la présence d'animaux plus ou moins d'intérieur,
de ventilation mécanique... la situation
de la maison rurale ou non, la proximité
d'industries polluantes.
Encore faut-il
également définir quels sont les critères
retenus pour faire le diagnostic d'une maladie au
cours d'une enquête. Peut-on faire de le diagnostic
d'eczéma atopique par des données
d'interrogatoire sans consultation ?
Toutes ces difficultés
expliquent que l'on a connu des discordances d'une
étude à l'autre, il y a quelques années.
Aujourd'hui, des critères très rigoureux
permettent d'avoir des résultats qui se confirment
d'une enquête à l'autre. Cela ouvre
donc la voie à la prévention.
Ces études
nous montrent de façon évidente que
la prévalence de l'asthme a doublé
depuis une dizaine d'année.
De façon
plus inquiétante, on peut constater que près
de 30% de la population adulte jeune se plaint de
rhinite allergique. On sait que 2 asthmatiques sur
3 ont connu au préalable une rhinite allergique
isolée.
De la même
façon, le taux d'eczéma atopique est
en croissance constante. Il était de 3% en
1960 en Europe du Nord et de 15% en 1980. On l'estime
à 6 à 10 % en France actuellement.
C'est au niveau
de l'allergie alimentaire que l'accroissement est
le plus inquiétant puisque le taux d'allergie
alimentaire a été multiplié
par 5 en 10 ans.
3°
La nécessité de la prévention
Nous venons
d'évoquer l'accroissement permanent des manifestations
respiratoires et cutanées. On peut mettre
en parallèle l'accroissement permanent des
médications anti-asthmatiques et antiallergiques
en général. Si le confort des patients
est le plus souvent incontestable, on peut constater
que la prévalence n'est pas freinée
et que la gravité des asthmes reste au moins
identiques.
Il apparaît
nettement au cours des consultations que la population
prend conscience de cet accroissement et s'en inquiète.
Les patients sont demandeurs de prévention.
4°Les marqueurs
prédictifs
Des mesures
préventives de l'allergie représentent
une astreinte qu'il n'est pas possible de proposer
à toute une population. Il faut donc sélectionner
les patients à risque.
L'atopie familiale
reste un critère important mais non suffisant.
La présence en plus d'une sensibilisation
à l'oeuf et/ou d'un taux élevé
d'IgE totales à l'âge de un an accroît
le risque de sensibilisation aux aéro-allergènes.
6° Les
principaux conseils de prévention
- Pas de tabagisme
- Chambre hypoallergénique - Pas d'arachide
(dès la grossesse) - Alimentation au sein
ou formules lactées adaptées - Diversification
progressive et différée - Eviter les
crèches collectives
Conclusion
La prévention
des allergies et de l'asthme est un problème
difficile en cours d'évaluation queelques
mesures simples apportent des résultats bénéfiques.
Il faut les associer car, prises séparément,
elles ne sont pas suffisantes. Ces mesures concernent
surtout le tabagisme, un environnement intérieur
sain et pauvre en aéro-allergènes
et des précautions simples concernant l'alimentation
du premier âge et l'introduction des aliments
solides.
Suite :
thérapeutiques du futur ///
Bibliographie
DUTAU
G., RANCE F.., JUCHET A., RITTIER J.L., BREMONT
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l'asthme chez le nourrisson atopique. rév.fr.
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Rév. fr. Allergol.; 1998 (5 bis) 499-503.
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française d'allergologie & d'immunologie
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DOUTRE M.S. (Bordeaux) - Epideiniologie et facteurs
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journées Parisiennes d'Allergie & Société
française d'allergologie & d'immunologie
clinique & International Association of allergology
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Dr.
NEUKIRCH F. - INSERM U408 (Paris) - Epidémiologie
des allergies respiratoires chez l'adulte jeune
Vlles journées Parisiennes d'Allergie &
Société française d'allergologie
& d'immunologie clinique & International
Association of allergology and clinical immunology
- Paris 13 -16 janvier 1999.
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