Vulgarisation médicale

La vulgarisation médicale vise à faire comprendre les sciences médicales aux personnes qui ne connaissent ni la science, ni la médecine. Deux niveaux de compétence sont traduit dans le texte. En gris noir le niveau le plus facile d'accès, en bleu nuit le niveau plus détaillé.

Comment la Pression Artérielle (PA)

est-elle régulée dans l'organisme ?

Cette question traverse parfois l'esprit des millions d'hypertendus et aussi de nombreux lycéens : "comment ça marche, la tension artérielle?" Et c'est une bonne question. La réponse n'est pas totalement élucidée aujourd'hui. Cependant, la plupart des mécanismes sont identifiés, nous pourrions dire tous les principaux mécanismes sont connus. Mais la vie produit de subtiles fonctions dont on a pas fini de découvrir l'ingénieuse sélection dans l'évolution des systèmes vivants.

Bon, quittons ce langage un peu technique pour parler comme sur le marché: simple, puisque c'est le but de cette page que d'expliquer un mécanisme relativement complexe au public intéressé. La question est cependant une des plus complexes, vu que la tension intéresse presque tous les organes dont elle constitue le système nourricier. Elle doit être toujours supérieure à 7 cm de mercure pour perfuser au minimum les organes. En dessous, c'est le malaise, la syncope. La tension normale est de 12 / 7 pour la femme, 13/8 pour l'homme. Au maxi, à 20 ans: 13/8, après 40 ans on doit rester à 13,5/8 ce qui constitue l'objectif de tout traitement hypotenseur. Ces normes d'objectifs sont toutes récentes, avant on se contentait d'un 15/9, mais finalement, si l'on veut éviter les complications, il faut retrouver une tension normale, en fait, quel que soit l'âge.

Et tout d'abord, que signifie "le grand chiffre /le petit chiffre" de la prise de tension artérielle? Eh bien, cela correspond à la hauteur de la colonne de mercure dont la poids est susceptible d'arrêter le jet d'une artère sectionnée pulsant le sang à plein régime lors de la contraction du coeur gauche (systole) de façon rythmée et cyclique, le "creux" correspondant à la pression diastolique. Bien entendu, après avoir testé à la rude époque par cette méthode brutale (chez le cheval! ça ne se ferait pas aujourd'hui!!), nous avons étudié les chiffres en comprimant simplement l'artère étudiée pour en arrêter le flux.

Effectivement, quand on gonfle un brassard de prise de tension, et que l'on écoute avec un stéthoscope le bruissement du sang en aval du blocage, on observe trois stades : au delà d'une certaine pression, on n'entend plus le sang s'écouler. C'est le silence. En descendant progressivement la pression, apparaît bientôt un premier bruit qui signe que le sang commence à passer par dessus l'obstacle du brassard : c'est le chiffre de la pression dite "systolique", correspondant à la colonne de mercure en cm dont le poids bloque complètement le flux sanguin. Puis, en descendant toujours la pression du brassard, on entend bien les bruits du coeur, puis arrive un moment où on entend moins ou plus du tout ces bruits. Ceci correspond à la pression "diastolique", correspondant à la pression résiduelle dans l'aorte après la contraction cardiaque, durant la période de relaxation du coeur. L'aorte est la grosse artère qui part du coeur et parcourt tout l'abdomen après avoir fait une crosse qui distribue le sang à la tête (carotides) et nourrit en descendant tous les organes abdominaux, puis se dirige en bifurquant vers les membres inférieurs (artères fémorales)

A savoir que l'on évoque maintenant plutôt la pression en mm de Mercure, (Hg), c'est à dire 13/7 (cm Hg) correspond à 130/70 mmHg.

Pour comprendre les mécanismes de la régulation de la tension artérielle, il faut comprendre que trois organes interviennent : le coeur et les vaisseaux, le rein et la surrénale, et enfin le cerveau et le système nerveux végétatif.

bien sûr, chef de file, mais finalement pas le principal régulateur…joue sur la force de contraction du coeur, qui donne grosso-modo la pression systolique (haute), en synchronisme avec les vaisseaux. Cette contraction du coeur est souvent associée à une augmentation de fréquence des battements cardiaques, pour adapter le débit sanguin à la hausse. Le remplissage du coeur conditionne aussi la force de contraction de celui-ci et donc la pression sanguine de sortie. Sachant qu'il y a deux coeurs, droit et gauche, il y a une adaptation précise entre les deux pour que leur débit soit identique.

Mais aussi, et c'est tout récemment que l'on a découvert que les oreillettes sécrétaient une hormone "natriurétique atriale auriculaire" qui fait pisser le sel, relaxe les vaisseaux et augmente la filtration du rein. Le coeur est aussi organe endocrine ! Cette hormone contrebalancerait l'action du système rénine angiotensine aldostérone.

par leur vertu contractile, maintiennent l'onde cardiaque jusqu'au organe en bout de circuit, en maintenant un tonus des vaisseaux en périphérie. Comme un tuyau d'arrosage dont on appuie sur l'extrémité pour faire monter la force du jet... Ils peuvent aussi sécréter des substances (prostacycline) qui baissent la tension. L'artériosclérose et l'athérome les rend rigides et donc entraîne une élévation non réversible de la PA.

Le sodium est libéré ou retenu par une hormone, l'aldostérone, (venant des surrénales) elle-même stimulée par un autre système complexe nommé système rénine angiotensine aldostérone, présent dans le rein, tout près du glomérule rénal (complexe juxta-glomérulaire) qui fonctionne en permanence et diminue quand on est alité. C'est pourquoi, quand on est resté quelques jours au lit, on a la pression artérielle basse au point de "tomber dans les pommes" au lever !

Ainsi, quand un rein ne reçoit pas assez de sang du fait du rétrécissement de l'artère qui le nourrit, le système RAA s'active à l'excès pour augmenter la tension et mieux nourrir le rein malnutri. Voilà une cause curable d'hypertension artérielle!

Par ailleurs, l'eau est plus ou moins libérée dans les urines grâce à une autre hormone, celle-ci produite par l'hypophyse, l'hormone antidiurétique (ADH), agissant au niveau du rein.

L'hormone natriurétique auriculaire venue du coeur (qui est donc un organe endocrine aussi) joue aussi un rôle mineur au niveau du rein.

Le système rénine angiotensine fonctionne de la façon suivante: La rénine intervient dans la fabrication d'une petite molécule sanguine, l'angiotensine, laquelle agit sur les vaisseaux pour les contracter, et aussi sur la sécrétion l'aldostérone, cette dernière vient des surrénales que nous allons voir après. Le rein peut aussi intervenir sur la quantité de globules rouges par une hormone qui aide ceux-ci à se multiplier: l'érythropoïétine. (qui fait parler d'elle dans le milieu sportif à propos du dopage)

Interviennent à plusieurs titres:

d'abord la production d'aldostérone, qui retient dans le rein le sodium et l'eau, augmente la masse sanguine et donc la tension artérielle. Celle-ci dépend de l'action de l'angiotensine 2.

d'autre part l'adrénaline, qui agit globalement sur l'organisme en réponse à un stress pour augmenter la pression artérielle et permettre le combat ou la fuite, sur les ordres du système nerveux sympathique accélérateur, entraînant une distribution du sang vers les organes de l'action : cerveau, muscles, poumons, retirant le sang des intestins et de la surface cutanée.

Enfin, le cortisol, corticoïde naturel, a gardé quelques fonctions de rétension du sel, il n'est que de se rappeler le visage des gens qui prennent des corticoïdes au long cours (faciès rougeot, "rubicond"). A noter que le stress module cette sécrétion de cortisol.

avec plusieurs structures intéressées, dont,

Le cerveau et le système neuro-végétatif interviennent aussi sur la tension par le biais une "humeur" particulière, liée à un vécu inhibant l'action. Le Pr H Laborit avait décrit voici qq décennies comment les corticoïdes endogènes montent lorsque la personne vit une situation bloquée, sans issue. C'est encore un autre mécanisme où l'on observe l'augmentation de la tension artérielle, de façon plus ou moins passagère. Il existe aussi au niveau cortical, donc au niveau accessible à la conscience, un centre de régulation de la tension artérielle, qui permet avec l'entraînement par feed-back en particulier de contrôler mentalement sa tension artérielle.

EN RESUME : tout ce qui va stimuler le coeur, par ses contractions va augmenter la tension, de même, tout ce qui va contracter les artérioles périphériques, ou bien ce qui faire retenir l'eau et le sel dans le compartiment sanguin. Tout ce qui va directement stimuler le centre bulbaire de la tension : émotions etc... va augmenter la tension. Au contraire, tout ce qui va détendre l'intensité des contractions du coeur (betabloquants), relâcher les vaisseaux (Inhibiteurs calciques, alpha bloquants, Antagonistes de l'Angiotensine 2 (AA2)) réduire la masse sanguine (diurétiques action directe, IEC et AA2 indirectement), ou encore par action sur le bulbe (médicaments centraux) va faire baisser la pression artérielle. Voyons comment avec les différents médicaments :

Vous voyez combien le système est complexe. C'est pourtant le pain quotidien de votre médecin. Imaginez tous les médicaments antihypertenseurs qui interviennent sur plusieurs de ces facteurs !

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