Voici quelques
petits tuyaux
, ceux que votre grand frère médecin vous confierait s'il
en avait quelque chose à battre ;-) , pour compléter
l'enseignement universitaire, qui n'introduit pas souvent
certaines réalités : cours
des études, thèse, remplacements, installation, relation
médecin-malade, le Droit et autres astuces etc...
"La médecine, c'est savoir,
savoir faire et aussi faire savoir!
"(feu Pr Dardenne CHU Toulouse Purpan)
La
communication, on en a plein
la bouche, on en fait rien ! Relation
médecin malade? Communication médecin malade,
s'entend ! C'est une tradition familiale, de communiquer ou
pas ... Ceux qui communiquent facilement ont bénéficié
d'une bonne estime de leur parent et d'une liberté
d'expression suffisante. Si ce n'est pas le cas, il faut
apprendre à communiquer, c'est pas inné! Et ce n'est pas
une tare de ne savoir (encore) communiquer ! La communication
bien faite vous fait apprécier par les patients, renforce la
confiance et donc l'effet des traitements... Parfois une
bonne communication peut vous tirer d'un gros pétrain : si
vous avez fait une boulette...(cela arrive aux meilleurs
d'entre nous!) vous pourrez expliquer au malade votre point
de vue de façon à temporiser les légitimes réactions...
book sur la communication en général.
Si vous n'avez pas envie d'entendre parler de communication,
tournez-vous vers la biologie (labo d'analyses) , l'anapath
ou la médecine légale ;-)... Il paraît que les patients
sont très ouverts! Mais c'est peut-être un signe que vous
devez "travailler votre for intérieur" pour
comprendre pourquoi dialoguer vous rebute...
Prenez le temps de bien "cuver"
les sciences fondamentales
qui gouvernent la médecine. Trop souvent on agit au mépris
de ces connaissances qui semblent coupées de la pratique
médicale quotidienne. Refléchissez sur le sens de la vie,
de la santé. Pour découvrir la biochimie
sous un angle enfin sympathique, où l'on parle des poissons
électriques et du vol des bourdons, de la respiration de la
molécule d'hémoglobine... avec pertinence voir Lubert
Stryer ==>
A noter
qu'un éminent biochimiste français Christian
Moussard m'a indiqué son livre comme étant à la fois
ludique et pertinent. Il met en particulier cette phrase
gauloise tout à fait bidonnante pour se rappeler le cycle
de Krebs : Le
con (condensation) d'Irène
(isomérisation) est tout
(two, deux) décati
(décarboxylations oxydatives), faut
(phosphorylation) le mouiller
entre 2 coups de zizi (une
hydratation entre deux déshydrogénations)." Il ne peut
dès lors vous échapper la dissipation de l'unité acétyle
en 2 CO2, la phosphorylation liée au substrat qui crée 1
ATP et les deux réductions qui génèrent NADH,H+ et FADH2
dont la réoxydation par la chaîne respiratoire etc, vous
connaissez le refrain. . Voir : La
biochimie. Tome 1 Biochimie
structurale et métabolique. Merci Christian Moussard!
Ensuite:
combler les lacunes de l'enseignement universitaire: les
maladies psychosomatiques!
On en parle à peine, et sous forme de railleries ! Il faudra
bien que vous les gériez, et plutôt bien que mal ! Un seul
exemple: savez-vous, cher carabin, que certaines malades
viennent vous voir uniquement pour vous mettre en échec ? Si
vous sortez la panoplie des médicaments, super Vidal ou
autres, vous allez vous emmerder, je vous dis que cela ! En
revanche, une fois ceci compris...C'est vu ? Alors, un
bouquin pour cela "Médecine psychosomatique"....
Un site de psycho québécois
génial, à la fois simple et pratique! : Ressources en
Développement : www.redpsy.com
Vous n'avez pas passé votre thèse
???
Ben, qu'est-ce que vous faites ???
Allez vite à la quête d'un sujet ! Allez voir un
grand patron dans la spécialité que vous préférez et
demandez-lui s'il a quelques sujets à vous proposer. Mais
méfiez-vous, si vous voulez passer votre thèse rapidement :
pas prendre de sujet prospectif , c'est-à-dire une
étude qui peut vous menez par le bout du nez pendant de
longues années ! Et si les résultats ne sont pas corrects,
on continue...j'en ai vu qui mettaient 5 ans à faire la
thèse. Faut pas déc... on a autre chose à faire, non ?
Vous vous fichez d'être lauréat(e)?
Vous voulez une thèse "express" ? Vite
faite, bien faite ? Pourquoi pas ? Choisissez une maladie
orpheline, rare, avec une centaine de cas dans le
monde. Vous faites votre petit tour d'horizon sur internet
pour avoir une idée de la question, de ce que vous pourrez
trouver éventuellement et regardez dans les services
susceptibles d'avoir des malades de cette catégorie
(pédiatrie...). Mais c'est vrai que vous risquez de trouver
des patients dans les grands centres
hospitalo-universitaires, qui draguent une grand population,
puisque par définition, ce sont des maladies très rares !
Autrement, faire une belle thèse
est très valorisant aussi : c'est l'occasion de parfaire sa
formation dans un domaine qui nous tient à coeur. Un sujet
que vous ne regretterez pas : le psychosomatique !
C'est un des sujets les plus maltraités dans les amphis et
le plus important en pratique! Ce sont les patrons de
Gastro-entéro et de psy qui peuvent vous coacher sur cette
piste.
Les
remplacements.
Maintenant que les stagiaires
internés sont payés autour de 1400€ plus gardes, ils
n'ont pas envie d'aller faire des remplacements autant que
nous allions en faire quand nous étions payés 150€ gardes
inclues ! Et on les comprend.
C'est paradoxal, mais ce n'est pas
aussi intéressant que l'on pense sur le plan financier,
s'entend, parce que sur le plan médical, cela reste très
utile. Faut-il pour autant payer pour faire des
remplacements? Vous avez bien lus, "payer". Car les
charges sociales dépassent parfois l'argent que vous avez
gagné en remplaçant un médecin. Eh oui, c'est le
bonheur de commencer à payer l'URSSAF!
Sachez que remplacer un week-end
par-ci par-là est une faute financière : l'URSSAF,
la bien aimée, que vous allez apprendre à connaître et
apprécier, vous prend 1000€ par an quel que soit votre
gain, à rembourser la troisième année si vous n'avez pas
dépassé le seuil, et si vous y penser encore ! Donc, faites
attention à ne pas faire des
petits remplacements qui
vous permettent juste de payer l'URSSAF et basta ! Je me
souviens encore d'un week-end de remplacement en un trimestre
qui m'avait coûté davantage que je n'avais gagné !! C'est
pas une blague ! Vous allez rire et dire "quel c."
il ne savait pas cela ???" Je suis sûr que certains
d'entre vous ne le savent pas non plus, alors ... pas de
remplacements, ou des gros remplacements, rassemblés sur des
trimestres. Et puis allez vous faire rembourser les
cotisations indûment payées ! A mon avis, aujourd'hui, il
vaut mieux bosser sur la thèse en priorité plutôt que
faire des remplacements, ou sinon faire les deux... Cela dit,
les choses ont sûrement évolué depuis que je suis passé
par là, j'en conviens. Alors il faut se renseigner pour
avoir les dernières dispositions légales en la matière.
Urssaf.fr !
S'installer ?
Cela me semble nécessaire, un
moment ou un autre. Mais certains vivent de remplacements
longue durée ou vont aider les africains. C'est certainement
très positif sur le plan humain. On peut faire un mois de
MSF en été, tout en étant installé, si l'on veut
conjuguer aide humanitaire et cabinet en ville.
S'associer
?
C'est pas mal. Mais il y a des
pièges. Savez-vous que
certains de nos chers confrères se font une spécialité de
vendre et revendre leur clientèle, sans vraiment la céder
vraiment... et tout à fait légalement. Alors faites
gaffe, remplacez le médecin qui vous propose l'association,
prenez votre temps. Allez voir le conseil de l'ordre pour
voir s'il a reçu quelques plaintes concernant ce médecin à
propos d'association, ou plus délicatement, demandez si ce
médecin a eu déjà quelques associés qui ont filés...
si oui, n'hésitez pas à les contacter...Cela peut être une
piste utile.
Voyez, c'est assez con d'être là à
vous mettre en garde contre des confrères... Ils sont
honnêtes pour la plupart, mais les loups ne sont pas tous
dans les forêts, soyez-en sûrs, mes petits agneaux !
Je ne rentrerai pas dans les détails
financiers qui sont variables : une "cession
de clientèle" de médecine générale se
vend 50 à 100 % de l'annuité, et regardez les trois quatre
années précédentes pour voir la progression ou la ...
régression du chiffre ! Et si le médecin est vraiment
débordé, il y a peut-être de la place pour vous dans le
village en question... sans bourse délier. Le mieux est de
reprendre une clientèle de médecin qui part à la retraite,
et qui propose de vous présenter les patients pendant trois
à six mois, en faisant une association de transition.
Bon, vous préférez faire une
création de cabinet ?
C'est une bonne idée, si vous
choisissez un endroit qui n'est pas saturé. A la campagne,
il y a encore des régions qui manquent de médecins, tandis
que des villes du Sud sont saturées !... Il y a des
statistiques pour vous guider dans ces démarches. Vous
pouvez aussi téléphoner aux pharmacies des régions
concernées qui peuvent donner parfois d'éminents conseils.
Quant aux grandes villes, dans le Nord et le Centre, il y a
encore des possibilités.
Une association
avec un médecin se monnaye autour du quart de l'annuité. Le
black est parfois demandé... C'est illégal, bien sûr ;-)
C'est d'ailleurs en ne pouvant y souscrire que j'ai raté un
cabinet à la Rochelle, au bord de la mer... dommage, hein !
Moi qui aime tant les voiliers !
J'ajoute qu'aujourd'hui, en 2017, la
pénurie de médecin aidant, et se profilant dramatiquement
pour les années 2022, on a intérêt à ne pas acheter de
patientelle, mais s'installer où bon nous semble, tant que
cela reste possible. Vous arriverez toujours à fonctionner.
Hâtez-vous ! Ça m'étonnerait que le choix
géographique d'installation dure encore longtemps...
Et puis il y a les maisons
médicales qui ont pris des
parts de marché énormes depuis les années 90, au point
qu'on hésite à s'installer seul. C'est bien par certains
côtés, mais c'est pénible par bien d'autres. On paie des
charges dont on ne bénéficie pas forcément, les dépenses
ont tendances à augmenter avec le nombre de participants
au-delà de la logique arithmétique, sans doute un effet
déresponsabilisation des différents acteurs, secrétaires,
médecins etc... dilution de la responsabilité qu'on appelle
cela dans les sphères psychologiques. Et puis si on veut
changer de matériel informatique ou autre, il faut que tout
le monde soit d'accord, et là, c'est d'autant plus rare
qu'il y a de membres. Et puis je ne vous parle pas des
petites jalousies, des frustrations de partage de matériel...
ça peut devenir l'enfer, parfois... Il ne faut pas se voiler
la face. Toute communauté humaine amène avec elle la
densification des névroses relationnelles. Bon, soyons
positifs ! Au moins une fois sur deux, cela se passe
bien, et on est content d'être avec ses copains et copines !
Et puis si cela se fritte, pensez à pratiquer de la
communication non violente. Savoir
dire les choses qui fâchent pour les adoucir est un art
précieux.
Choisir une
spécialité.
Allez voir sur le terrain
comment se passe la médecine avant de vous engager dans
telle ou telle filière, spécialité, si vous avez le choix,
bien sûr! L'internat commande! Avec les stages dans les
hôpitaux, vous avez l'impression que toute la médecine se
passe là, c'est faux ! Même les spécialistes en ville ne
font pas ce qu'ils font à l'hôpital. Quant à la médecine
générale, heureusement que les stages de six mois sur le
terrain sont rentrés dans les moeurs pour vous initier
vraiment !
Un autre domaine oublié, le droit
médical, les statuts d'installation d'un
cabinet, d'association ...On nous donne un épais livre
de Droit médical (genre code de la Sécu) avec mille
articles que "nul n'est sensé ignorer". C'est
comme si les médecins déclaraient : "Nul n'est sensé
ignorer la médecine, que l'on met 8 ans à apprendre".
Cela fait partie des nombreuses absurdités de notre droit...
Dans notre bonne société de droit,
les procès à l'encontre des médecins commencent à monter
en fréquence, prudence ! L'encadrement rétrécit,
rétrécit...Les références médicales opposables (RMO) et
les conventions viennent légiférer dans le domaine
médical... Où s'arrêtera cette main mise ?...
Tout cela pour faire de "l'économisme". Il
suffirait de mieux gérer les derniers instants des patients
en fin de vie sur le plan psychologique pour que les dépenses
de cette période, qui sont dix fois plus importantes qu'à
n'importe quel moment de la vie (3000€/Jour, examens non
compris), décroissent très rapidement et que l'on dégage
des finances pour faire de la bonne médecine, préventive,
par exemple, le parent pauvre !... Mais ce que je vous dis là
est politiquement incorrect! ;-)
Last but not least : De grâce, mes chers carabins
nouvellement établis, gardez avant tout autre chose le sens
de l'humain, de la relation à l'autre souffrant, et ne
pensez pas d'abord in petto : quels examens je vais lui
faire à cette « prostate », à « ce
coeur », à « ce colon ». N'oubliez pas que
ce sont des êtres humains, vos frères que vous avez à bout
de stéthoscope ! Il faut parfois être passé par une
maladie grave, avoir été confronté au rouleau compresseur
d'une spécialité imposante, cancérologie, chirurgie
lourde, pour enfin comprendre la nécessité de cette
approche humaniste de la santé. Et nous y venons, car les
études statistiques montrent qu'un patient bien managé sur
le plan relationnel, humain, suit bien les traitements,
guérit plus vite et mieux qu'un patient
« numéro/pathologie » qui se sent déshumanisé.
A méditer...
Bon je crois que je vais faire une page : billet
d'humeur ! de ce pas, pour ne pas faire du hors sujet
ici!
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| màj :20 Novembre 2016
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